
Dans la province du Kasaï, située au centre de la République démocratique du Congo, où l'agriculture prend un nouveau départ et où les changements climatiques compliquent la vie des petits exploitants agricoles, une révolution silencieuse est en marche. Grâce au Programme National de Développement Agricole PNDA en partenariat avec Humana People to People Congo, HPP-Congo en sigle, les petits exploitants agricoles redécouvrent leur métier de prédilection avec des méthodes plus intelligentes et adaptées.
Région riche en diamant, hommes et femmes font progresser jour après jour l'avenir alimentaire de leur communauté et luttent contre l’insécurité alimentaire. Leur secret ? les paquets technologiques « P-Tech » : ces pratiques agricoles intelligentes conçues par le PNDA, ajoutées à l’approche de clubs de fermiers mise en œuvre par HPP-Congo, transforment complètement leur façon de travailler la terre.

Des techniques qui changent la donne
Au lieu de formations théoriques, HPP-Congo mise sur l'apprentissage pratique à travers des champs-écoles paysans regroupant au moins 25 petits exploitants, mais également la mise en place de parcelles semencières pour produire des semences afin de garantir la disponibilité des semences saisonnières et adaptées.
« Quand on se retrouve entre cultivateurs dans nos champs-écoles, on apprend tellement mieux », nous confie Mushiya Mado, petite exploitante agricole. « On voit directement ce qui marche et ce qui ne marche pas ».
Parmi les innovations, le semis en ligne, qui semblait fastidieux au début, permet maintenant d'économiser des semences et de faciliter l'entretien des cultures. L’abandon de la pratique de l’incinération (qui consiste à brûler les résidus de récolte) préserve la fertilité des sols. Il y a aussi le regarnissage pour compléter là où les semences n’ont pas germé, ainsi que le paillage technique qui garde l'humidité dans le sol pendant les périodes sèches.
Quand les cultures font bon ménage
Les petits exploitants agricoles ont aussi découvert l'art de l'association des cultures. « Avant, je plantais seulement du maïs sur tout mon champ », raconte pour sa part Monsieur Ngandu Célestin, petit exploitant agricole et président de l’OP Sanga Bantu au village Tshibadi. « Maintenant, je marie le maïs avec le niébé, et la différence est palpable ! Non seulement ma récolte a doublé lors de la première saison, mais la terre est aussi plus fertile », a-t-il soutenu.
Cette approche permet non seulement d'enrichir naturellement le sol, mais aussi de diversifier l'alimentation des familles. Pour l’instant, le mucuna, cette légumineuse méconnue, est un fertilisant qui peut apporter de l'azote au sol sans produits chimiques dans certains villages, à l’instar du village Tshibadi sur l’axe Kabambayi en territoire de Tshikapa.
Mubidi Ntambwe Santé, président de l’OP Tujukayi, une organisation paysanne au village de Mukoyi, situé à plus de 20 km de Tshikapa, nous explique : « Ce qui fait la force du PNDA et de HPP-Congo, c'est qu'on ne nous impose rien. Les moniteurs agricoles viennent nous voir, ils comprennent nos difficultés et nous proposent des méthodes pour rendre l’agriculture rentable. »
Dans cette situation, les résultats deviennent palpables dans certains villages d’intervention. Bien que le chemin reste à parcourir, on observe déjà des récoltes prometteuses, des sols qui retrouvent leur vitalité, et surtout, des familles qui pourront manger mieux et parvenir à vendre leurs surplus de production.

Un accompagnement qui dure
L'accompagnement des moniteurs ne se limite pas à la formation, ils suivent les petits exploitants, ajustent le travail selon les résultats constatés et créent une relation de confiance.
« Ils nous encouragent à persévérer dans ce que nous faisons », souligne M. Tshiteya, un autre petit exploitant. Au Kasaï, l'agriculture intelligente n'est plus un concept théorique mais une réalité quotidienne qui transforme des vies. La preuve est que, même face aux défis climatiques, des solutions apportées par ce programme du gouvernement existent quand on écoute ceux qui connaissent le mieux la terre, ceux qui la cultivent.